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Julien Clérot
Julien Clérot

Co-fondateur de Jules et Jean

Je n'avais pas vraiment un attrait pour les grands groupes. J'avais plutôt envie d'intégrer une petite structure où le rythme est généralement plus rapide.

J'avais des prédispositions opérationnelles. C'est pourquoi, durant mon année de césure, j'ai intégré l'entreprise 10-vins à Nantes, une start-up créée en 2012.

Nous étions une équipe de dix personnes avec les trois fondateurs et un certain nombre de stagiaires et d'alternants. Leur cible est plutôt le BtoC.

Pour ma part, je suis rentré en tant que stagiaire en finance. C'était super intéressant. J'ai pu participer à une levée de fonds en capital et à du crowdfunding avec la plateforme Ulule.

Cette expérience fut extrêmement enrichissante. Les trois fondateurs avaient un bagage extrêmement solide et j'ai beaucoup appris de ces profils très divers.

J'y ai également appris les bases de la finance d'entreprise. J'ai vite compris que ce domaine ne me passionnait pas vraiment. En revanche, j'avais un attrait pour le secteur du vin.

Prendre du recul sur ses envies

J'ai toujours su que j'avais envie de fonder une entreprise. Mais cela ne se fait pas du jour au lendemain.

En attendant d'avoir ce déclic, je souhaitais avancer dans ma carrière. J'ai donc continué dans le secteur du vin qui fait partie de la food tech, un domaine que j'apprécie.

J'ai toujours aimé bien manger et cuisiner. Mais je n'avais jamais songé à en faire un métier à part entière. Mon déclic a été le Covid-19.

Au bout de 4 ans et demi dans la même entreprise, j'avais atteint le poste de responsable achats et logistique. J'ai aussi monté un entrepôt détaché du siège social avec une équipe de 2 à 5 personnes sous ma coupe.

À ce moment-là, la clientèle de chez 10-vins est essentiellement issue de l'hôtellerie-restauration, un des secteurs les plus touchés par la crise.

Face à la crise, le nombre de commandes a évidemment chuté et nous avons connu beaucoup de chômage partiel. Pour ma part, j'étais à distance à piloter un seul opérateur qui était resté sur place.

Je me suis retrouvé à travailler dans mon appartement comme beaucoup de gens. Au début, j'étais très productif. Puis au bout de quelques semaines, je me suis mis à réfléchir sur mon avenir.

Durant la pandémie, je me suis beaucoup questionné sur la façon dont je souhaitais évoluer professionnellement sur les prochaines années.

Se lancer dans l’entrepreneuriat

Je suis originaire de la Manche et je n'avais jamais imaginé revenir dans ma région aussi rapidement. Je pensais encore aller conquérir d'autres pays et de nouvelles cultures.

La pandémie a énormément freiné les voyages à l'étranger. J'ai donc réfléchi à plusieurs projets professionnels. Je souhaitais avant tout m'inspirer du concept de 10-vins pour créer une entreprise dans la Manche.

Il n'y avait aucune offre qui proposait de se faire livrer des bons produits à domicile dans ce secteur. C’était donc une opportunité à saisir.

Un de mes meilleurs amis travaillait dans le secteur des fruits et légumes à Rungis. La période Covid l'avait amené, lui aussi, à repenser son avenir. Et comme je suis fils d'agriculteur, nous nous sommes dit qu'il y avait sûrement quelque chose à créer ensemble.

S'adapter à une clientèle hors métropole

On a créé un marché de produits frais locaux à destination des particuliers. Nous souhaitions simplifier l'accès aux produits locaux au plus grand nombre.
Nous avions deux typologies de clients à savoir ceux qui consommaient déjà local mais qui devaient aller chez différents producteurs pour faire leurs courses.
Notre autre cible concernait les clients qui désiraient se lancer dans la consommation locale mais qui n'avaient pas le temps de se déplacer sur les marchés pour faire leurs courses.

Avec notre entreprise, nous apportons à ces clients une solution clé-en-main pour se fournir en produits locaux et de qualité. Ils n'avaient plus qu'à venir chercher leur panier de produits frais dans l'un des points retrait.

Tester et apprendre

Au début de notre activité, nous étions sur une livraison au camion, c'est-à-dire qu'on louait un espace public en mairie pour pouvoir stationner durant quelques heures.
Nous avions créé des étals pour faire comme sur le marché. Cela demandait beaucoup d'énergie. Il y avait de nombreux produits à mettre en ligne ainsi qu'un site à référencer.

Nous avons lancé la marque Jules et Jean qui n'évoquait pas forcément la nature de notre activité. Il fallait donc créer tout un univers de marque et nous faire connaître.

Au départ, nous n'étions que deux associés. Cette période fut très intense puisque nous devions tout gérer seuls. Il fallait récupérer les produits chez les producteurs, préparer les commandes et les livrer.

Nous avions chacun notre camion. On partait dès 15h30 pour aller sur nos points de retrait respectifs. Nous devions charger nos camions, acheminer les produits et les mettre sur les étals.

Les premiers mois furent fatigants mais nous étions très motivés. Nous nous sommes rendus compte que cette activité générait peu d'argent et qu'il n'était pas dans la culture locale de venir s'approvisionner chez un marchand en bord de route.

En plein hiver, la pluie et le froid ne rendent pas l'expérience client particulièrement agréable. C'est pourquoi nous nous sommes remis en question.

Depuis fin 2021, nous sommes accompagnés par des commerçants partenaires qui ont la même démarche que nous. Ils offrent au client la possibilité de venir retirer les commandes sur des créneaux plus larges.

Défendre sa raison d'être

Notre vecteur d'épanouissement, c'est de permettre aux gens de consommer local. Notre objectif est d'impulser et de démocratiser ce type de consommation.

Nous voulions aussi pouvoir vivre de notre travail et recruter des personnes pour développer notre activité : logistique, marketing, achats, comptabilité...

Notre charge opérationnelle était très importante et nous devions aller chercher le niveau d'activité nécessaire au recrutement de ces 5 à 6 personnes.

Mon conseil : il faut suivre ses rêves et aller jusqu'au bout de ses envies sans se mettre de barrières. Le plus important est d'être motivé et d'avoir l'envie. Il ne faut pas se contraindre par rapport au périmètre et au plafond de verre qu'on peut se donner.

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