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Amaury Boelle
Amaury Boelle

Co-fondateur chez Kickston, banque d'affaires

Être un entrepreneur dans l'âme

Je vais vous raconter ce qui m'a amené à créer une banque d'affaires à 26 ans. En 2011, j'ai à peine 18 ans et je sors du Bac.

À ce moment, je n'ai pas de projet professionnel défini mais juste l'envie d'apprendre et de découvrir le monde. 

Durant mes études, j'ai fait beaucoup de stages en entreprise. C'est lors de ma troisième année à l'EM Normandie que j'ai vu mon projet professionnel se dessiner. 

J'ai lancé ma première boîte avec un copain de promotion durant ma dernière année de Bachelor.

C'est la trajectoire que je poursuis puisque je suis à ce jour dans ma dixième année d'entrepreneuriat. 

Cette entreprise s'appelait Mon Kit Étoilé. Elle était assez précurseur à l'époque même si aujourd'hui elle correspond à peu près à la façon dont on se nourrit. C'était un concept de kit culinaire préparé par un chef étoilé. 

Il s'adressait surtout aux personnes dans les grandes villes qui finissent tard le soir. Le kit leur permettait de se préparer un plat équilibré et d'avoir à disposition des aliments déjà pesés, épluchés et lavés. Cela permettait d'éviter le gaspillage alimentaire.

À ce moment-là, on a une vision peut-être trop agressive et trop industrielle du projet. On s'est mis à chercher des entrepôts avant d'avoir consolidé les fondements du projet, à savoir chercher un marché et tester notre business model.

On s'est confrontés assez rapidement à notre manque d'expérience et à notre jeunesse. Nous avons voulu aller trop vite et avons manqué de recul.

Lancer son application

Six mois après, j'ai lancé une deuxième boîte avec les mêmes personnes et cette même envie d'entreprendre. 

C'est un projet qui a duré un peu plus longtemps et qui a généré davantage de chiffre d'affaires.

Nous avons même réalisé une levée de fonds et un crowdfunding.

Avec du recul, je me rends compte que c'était un marché de niche. L'application permet de découvrir les villes depuis les rooftops. Nous avions référencé tous les hôtels, bars et restaurants du monde. Cela ressemblait un peu à TripAdvisor mais avec un focus sur les plus belles vues du monde.

L'application était collaborative car chacun pouvait ajouter ses propres photos et ajouter des informations sur les lieux. Il était aussi possible de réserver en ligne.

Nous avions des partenariats avec Uber pour permettre aux gens de se déplacer dans les lieux.

Ce projet a duré un an et demi et nous avons atteint les 100 000 € de chiffre d'affaires, ce qui n'est pas énorme. Mais lorsque l'on a 20 ans, cela semble beaucoup.

Dix-huit mois après, nous avons fermé l'entreprise car nous nous sommes aperçus à nouveau que le business model n'était pas viable. Nous étions un abonnement de plus à payer par les restaurants et hôtel.

De plus, nous manquions de volume et le modèle était loin d'être rentable. Il nous fallait investir beaucoup dans le marketing d'acquisition pour nous faire connaître. 

Nous avons pris la bonne décision d'arrêter. Nous nous sommes dit : "C'était une bonne expérience mais passons à autre chose".

Être né pour l'entrepreneuriat

Être entrepreneur, c'est plus un mode de vie qu'un métier. Je pense qu'on naît pour être entrepreneur et qu'il est difficile de le devenir.

La principale qualité d'un entrepreneur c'est la résilience.

Lorsque cela ne marche pas, il faut pouvoir trouver des solutions pour se relever. Il faut aussi trouver des solutions pour aller encore plus loin dans son activité et savoir se remettre en question.

J'ai toujours essayé d'appliquer ces principes. Il y a toujours eu un moment de latence entre chaque société. Mon credo c'est de me poser la question : comment puis-je aider les autres en créant une nouvelle société ?

Lorsqu'on est entrepreneur, on est constamment en réflexion pour lancer de nouveaux business. Il faut savoir se poser et réfléchir avant de se lancer. C'est l'envie d'entreprendre qui nous drive au quotidien.

Sur les dernières générations de ma famille, il n'y a pas un seul entrepreneur. Et dans mon cercle d'amis, il y en a très peu. On me pense souvent la question : "d'où vient cette envie d'entreprendre". 

Je pense que c'est assez inné chez moi et que j'aime avoir mon destin entre mes mains. J'aime créer des choses, aller vite et tester.

Lorsque j'échoue dans un projet, je sais que c'est à cause de moi et pas d'un autre. Ce qui me plaît, c'est l'idée d'apporter quelque chose de nouveau et de la valeur constamment.

La découverte du milieu de l'investissement

Quand j'ai lancé ma première et deuxième société, je n'avais aucune connaissance du financement. Mon premier réflexe a été d'aller voir la chambre de commerce et d'industrie, les banques et la BPI.

Je me suis fait refouler plusieurs fois car je n'avais aucune préparation. Sur mon troisième projet entrepreneurial, j'avais un peu plus d'expérience et un associé qui était plus senior que moi.

Nous avons commencé à nous rapprocher de réseaux de business angels et du conseil régional pour étudier les subventions possibles.

Nous sommes partis dans le "Far-West de l'investissement" en contactant des business angels, des family office et des fonds d'investissement. Nous avons aussi contacté des banques qui ont accepté nous financer seulement après avoir augmenté nos fonds propres, c'est-à-dire après avoir levé des fonds.

Il est très compliqué de se financer au départ lorsque l'on a peu d'expérience. Je recommande aux jeunes entrepreneurs de se rapprocher d'entrepreneurs qui ont réussi à se faire financer pour bénéficier de leur expérience. Cela peut vous faire gagner beaucoup de temps et sauver des entreprises.

Commencer par le salariat

Lorsque je suis sorti de mon Master 2 Entrepreneuriat, j'avais envie d'arrêter car toutes les entreprises que j'avais créées n'avaient pas vraiment fonctionné. Je ne me sentais pas non plus épanoui.

À ce moment-là, je change totalement de modèle et j'intègre un grand groupe qui est le PMU. Je suis un passionné de sport ! J'intègre une petite cellule qui avait pour objet l'innovation et pour objectif de relancer l'activité. Il fallait notamment relancer le chiffre d'affaires qui était à l'époque en perte d'un milliard chaque année.

Nous devions dépenser 10 millions chaque année autour d'innovations pour essayer de ramener une nouvelle population sur les hippodromes. Cette campagne était surtout à destination des jeunes. 

Je suis resté 2 ans au PMU. Cela a été une expérience incroyable et j'ai énormément gagné en compétences.

Mais j'avais envie de faire autre chose. Je n'avais pas le sentiment d'apporter beaucoup de valeur. Par ailleurs, dans ces groupes, on est confronté à une hiérarchie et les choses n'avancent pas toujours très vite. 

Ces deux années m'ont permis de me poser, et de réfléchir à ce que je voulais faire plus tard. J'ai donc lancé ma dernière entreprise, Kickston Partner, où je travaille encore aujourd'hui.

Réussir dans son projet entrepreneurial

Kickston Partner est une banque d'affaires, un cabinet de conseil qui accompagne les entrepreneurs qui cherchent soit à lever des fonds soit à vendre leur entreprise.

Ce projet n'est pas mon idée à la base. Un ami de promotion de ma deuxième école de commerce m'a contacté. Il était davantage dans l'écosystème des investisseurs et des start-ups.

Il considérait qu'il y avait une place à prendre sur le marché. À ce moment, je n'ai aucune connaissance en finance. Je n'ai fait aucun stage et n'ai aucune expérience dans la finance.

Mais l'envie de lancer une nouvelle entreprise était forte. Je l'ai donc rejoint dans cette aventure.

On a lancé l'entreprise ensemble mais on s'est séparés assez rapidement car nos visions étaient différentes. De mon côté, je reste toujours dans le même projet. Je mets à disposition des entrepreneurs toute l'expérience que j'ai acquise auparavant.

Profiter de ses années d'études

Je n'ai aucun regret concernant mes trois années passées à l'EM Normandie. Je pense avoir vécu cette période comme un jeune de 18-20 ans, à faire des soirées et à s'intégrer dans des associations.

J'ai aussi rencontré beaucoup de personnes et suis très content de ces trois années.

Je voulais profiter à fond de ma vie étudiante. Étant parisien, je suis parti au Havre et j'ai bénéficié d'une vision complètement différente. 

Je conseille aux futurs étudiants de profiter à fond de ces années car c'est un moment exceptionnel. Cela dure 3 à 5 ans et ensuite la vie change lorsqu'on intègre le monde professionnel.

Mon plus grand souvenir c'est mon expatriation en première année en 2011.

C'était la seule école en France, à ce moment-là, à proposer une expatriation dès la première année. Mon séjour à Riga avec 20 copains de promotion était inoubliable.

J'ai aussi gardé de très bons amis qui sont encore aujourd'hui mes témoins de mariage et ma super bande de 10 copains de l'EM Normandie.
 

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