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Anne-Lise à Dubaï
Anne-Lise Mon Job à Dubaï

Senior Manager chez IHG Hotels & Resorts

Durant sa formation à l'EM Normandie, Anne-Lise a effectué un stage d’un an à Londres qui lui a ouvert la voie d'une carrière à l'international. Tout au long de son parcours, elle a su saisir les opportunités de carrière qui s’offraient à elle : Milan, Londres, Singapour ... et aujourd’hui Dubaï.

Dans cette première édition de "Mon Job à...", Anne-Lise revient sur son parcours professionnel à l'international et sur sa vie actuelle à Dubaï.

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Anne-Lise : Je m’appelle Anne-Lise, j’ai fait le programme SUPEUROPE de l’EM Normandie cela fait maintenant plus de 15 ans ! C’était un peu avant la création du Programme Grande École !

Je suis actuellement en poste à Dubaï. Étant normande d’origine, on ne parlera pas donc pas des « Marseillais à Dubaï » mais de la « Normande à Dubaï » !

En quoi consiste ton Job à Dubaï ?

Anne-Lise : Je travaille pour IHG® Hotels & Resorts, qui est l’un des leaders mondiaux dans le domaine de l’hôtellerie. Je suis en charge de la communication PR (public relations) pour nos 16 marques dans les régions Inde, Moyen-Orient, Afrique, Asie du Sud Est et Corée.

Explique-nous ton parcours à l’international ?

Anne-Lise : Durant mes années SUPEUROPE, j’ai eu l’opportunité de partir une année en stage à Londres, ce qui m’a donné envie de faire ma carrière à l’international.

C'est mon année de stage à Londres qui m’a donné envie de faire ma carrière à l’international.

Après avoir validé mon diplôme, je suis partie à Milan pendant trois ans pour l’agence de relations publiques Cohn & Wolfe qui fait partie du groupe Young & Rubicam. Ensuite, j’ai été transférée sur Londres, puis je suis rentrée sur Paris pendant moins d’une année. Je ne me suis pas vraiment plu à Paris, c’était très dur pour moi de revenir au pays après avoir vécu 6 ou 7 ans à l'international.

J’ai donc refait mes valises pour partir à Singapour, dans un premier temps en vacances, et j’ai trouvé du travail donc je suis revenue en France deux semaines pour ensuite faire ma vie à Singapour. J’ai commencé à travailler pour une agence de relations publiques et au bout de neuf mois j’ai été appelée par IHG® Singapour qui m’a proposé de rejoindre leur équipe de Brand PR pour leur marque de luxe et de lifestyle.

Qu’est-ce qui t’a amenée à Dubaï ?

Anne-Lise : Après avoir passé plus de six ans à Singapour, en ayant été la plupart du temps chez IHG®, j’ai eu l’opportunité de partir à Dubaï. En effet, un poste s’est libéré, c’est ce qu’on appelle un « room to grow » dans le jargon de IHG®. J’ai eu une promotion et je suis allée m’installer à Dubaï où je suis actuellement.

Après 6 années à Singapour, j'ai saisi une opportunité de promotion au sein de mon entreprise pour partir à Dubaï.

C’est donc l’international qui a guidé ta carrière ?

Anne-Lise : En tant que Français, on se crée beaucoup de relations et on rencontre beaucoup de personnes qui travaillent dans cette industrie. Au final, des opportunités se créent et il faut les saisir. Il ne faut pas avoir peur. Si c’était à refaire, je ferai à nouveau confiance à mon instinct. J’ai eu également la chance de travailler pour des entreprises internationales qui font évoluer leurs talents, qui veulent les faire grandir en interne.

La « growing room », c’est une sorte d’incubateur interne à l’entreprise ?

Anne-Lise : Oui, au sein de IHG®, on a des programmes d’évolution de carrière. Et chaque année, on a des discussions pour échanger sur nos aspirations à court et moyen terme. Des opportunités se créent tout le temps car les marchés et les stratégies évoluent sans cesse. Les postes aussi changent, donc il ne faut pas trop hésiter et sauter sur les occasions quand elles se présentent.

Il ne faut pas trop hésiter et sauter sur les occasions qui se présentent.

Comment s’est passée ton intégration dans le pays ?

Anne-Lise : Le choc culturel était plus important à Singapour qu’à Dubaï. D’une part, lorsqu’on est à Singapour, il est difficile de pouvoir communiquer avec sa famille en France à des heures raisonnables avec les 7 heures de décalage horaire.

De plus, à Singapour la culture ainsi que les religions sont différentes des nôtres. Par exemple, la façon de fêter Noël, Pâques, les fêtes hindoues… C’est plutôt chouette. La nourriture ainsi que les gens que l’on côtoie au quotidien nous ressemblent moins également. La langue parlée sur place est l’anglais et les façons de travailler sont bien différentes.

Quelles sont les différences au niveau du travail ?

Anne-Lise : Je travaillais souvent assez tard le soir car j’étais en relation avec le Moyen-Orient où il y avait 4 heures de décalage horaire. Avec l’Europe, il y avait 7 heures, 8 heures avec le UK et 12 heures avec les États-Unis. Ce n’était pas évident de trouver des créneaux pour organiser nos réunions. Parfois, les personnes devaient se réveiller à 5 heures du matin pour faire un call avec moi dans ma journée ou c’était moi qui travaillais tard le soir pour me caler sur leurs horaires.

Je trouve qu’il est beaucoup plus simple de s’organiser à Dubaï car il y a moins de décalage et je peux discuter avec tous mes collègues, qu’ils soient au Japon, en Australie ou à San Francisco. Actuellement, nous avons 2 heures de décalage avec la France.

À Dubaï, il est assez facile de parler avec ses interlocuteurs partout dans le monde.

Quels sont les différences à Dubaï ?

Anne-Lise : Elles sont culturelles. Comme on peut le voir dans les médias, les coutumes diffèrent de chez nous mais au global la vie est très similaire à celle que l’on vit en France, avec des températures plus élevées et quasiment jamais de pluie.

Vraiment, vous n’avez jamais de pluie ?

Anne-Lise : Cette année, on n’en a pas eu du tout. La première année, on a eu beaucoup, je pensais avoir ramené la mousson avec moi de Singapour ! Mais depuis, il n’a pas plu depuis un an et demi. Et on approche des 40°C le soir.

Comment le vis-tu en tant que Normande ?

Anne-Lise : J’ai du mal à rentrer en France l’hiver. Il est vrai qu’en Normandie on compte les jours où il n’y a pas de pluie !

Justement, en parlant de Normandie, quels souvenirs as-tu de l’École ?

Anne-Lise : J’avoue que j’ai besoin de faire un petit travail pour me souvenir de mes années EM Normandie. Certains étudiants de l’École sont venus à Dubaï il y a un mois environ et on a discuté ensemble. Des souvenirs me sont revenus comme certains noms de professeurs qui font toujours partie du corps enseignant.

Dans mes souvenirs marquants, j’ai surtout mon année à l’international qui a été une super expérience et qui m’a donné le goût de vivre et de travailler à l’international. J’ai aussi gardé des amitiés, j’ai encore beaucoup de potes de ma promo avec qui je suis encore en contact. Je me souviens encore un peu du campus de Caen mais c’est loin pour moi car il s’est passé beaucoup de choses entre-temps.

J’ai encore beaucoup d'amis de ma promo de l'EM Normandie.

Thomas : Il faudra que tu reviennes voir les changements sur le campus, car il y a eu une belle extension. Nous avons ouvert un nouveau campus au Havre et allons ouvrir un autre à Paris prochainement. Quand tu reviendras, ce ne sera plus la même chose !

Anne-Lise : Le nombre d’étudiants a dû beaucoup augmenter. À mon époque, on n’avait que deux promos chaque année : une promo marketing / vente et une promo finance alors qu’aujourd’hui il y a 5 000 étudiants à l’EM Normandie. Il y a cet esprit de communauté propre à l’EM Normandie où les professeurs sont proches de leurs étudiants et les étudiants proches de l’administration. C’est vrai, ça m’a fait du bien de reparler de l’EM Normandie il y a un mois avec les étudiants. C’était très agréable.

Quel est ton meilleur souvenir à l’École ?

Anne-Lise : Une fois, on s’est tous retrouvés à plancher dans un amphi pendant 4 ou 6 heures sur une étude de cas. Et après avoir travaillé, on était encore en état de stress mais soulagés. On a pu débattre avec M. Tirard en face-à-face dans une grande salle de classe où l’on était seulement tous les deux. J'ai adoré ce moment. Les autres bons souvenirs concernent évidemment les contacts et les amitiés qui se sont créées et qui me restent.

Qu’est-ce qui a été pour toi le plus gros choc culturel à Dubaï ?

Anne-Lise : C’est très personnel pour moi, cela a été le fait d’avoir une voiture car je n’avais pas conduit depuis une dizaine d’années. La façon locale de conduire diffère car les locaux slaloment à gauche et à droite et ont de très grosses voitures.

C’est une ville extraordinaire. Il y plusieurs façons de voir Dubaï, c’est d'une part la ville des superlatifs (la plus haute tour, le plus bel endroit, le plus riche, le plus extravagant, le restaurant avec les meilleures expériences…), c’est assez dingue ! Pour ma part, cela ne m’a pas fait perdre la tête. Je vis dans un appartement en centre-ville et j’ai une vie tout à fait normale. Au niveau des logements, il y a d’immenses tours tout comme il y a des immeubles de 3 à 4 étages. En réalité, c’est toi qui crées la façon dont tu veux vivre Dubaï.

Le Covid est arrivé 4-5 mois après mon arrivée. Je suis peu sortie pour découvrir la ville depuis. Mais juste avant cela, j’ai pu découvrir les quartiers typiques et aller dans les autres émirats aux alentours. C’est une ville à laquelle on s’acclimate très vite.

Il y a plusieurs façons de vivre Dubaï, soit de manière extravagante soit très simplement. Pour ma part, je n'ai pas vécu de choc culturel.

La seule chose qui diffère vraiment c’est de voir des immenses tours au quotidien auxquelles j’ai déjà pu m’habituer quand j’étais en Asie. Il n’y a pas vraiment de choc culturel. Les plages sont les mêmes, on a des grandes étendues de sable comme en Normandie sauf que l’eau est plus transparente et plus chaude.

Dubaï, ce n’est pas que de l’Instagram et des influenceurs. Je trouve que c’est une mauvaise perception de ce qu’elle est réellement. Il est vrai que la ville a joué et joue encore sur cette image pour attirer des touristes car elle vit principalement du tourisme.

Il me semble qu’il y a 70 à 80% d’expatriés à Dubaï et parmi eux, énormément de Français. Il faut être vigilant dans les centres commerciaux car il y a beaucoup de francophones qui peuvent comprendre votre conversation, les Français et les Libanais par exemple. On retrouve également des magasins Carrefour et des boulangeries françaises. Beaucoup de Français sont venus créer leur business ici. On peut également commander du fromage français, se le faire livrer devant sa porte toutes les semaines. On peut manger français toute la semaine soit en commandant des plats soit en les préparant soi-même car on trouve tous les produits sur place.

Comment sont perçus les Français à Dubaï ?

Anne-Lise : Nous sommes perçus de manière positive. Nous sommes considérés comme des professionnels plutôt efficaces, travailleurs et productifs. Nous ne serions pas autant de Français à vivre à l’étranger si nous n’avions pas une si bonne image.

Les Français sont bien perçus à l'international pour leur côté travailleur.

En tant que Français, on peut évoluer dans notre carrière à l’international ?

Anne-Lise : Tout à fait, à condition de bien maîtriser l’anglais. De toutes façons, on apprend à perfectionner notre anglais en travaillant à l’étranger. Pour moi, c’est impératif de bien le maîtriser. Pour ma part, je ne parle pratiquement plus français à Dubaï mis à part dans un cadre privé. Au bureau, on communique tous en anglais, même avec les collègues français, par respect pour les autres collègues non francophones. L’anglais est la langue utilisée par tous dans un contexte professionnel.

Avoir un bon anglais est indispensable.

Pourquoi n’es-tu pas revenue en France entre tes expériences à l’international ?

Anne-Lise : J’avais envie de découvrir autre chose que la France bien que je sois très fière de mon pays. J’avais envie de découvrir de nouvelles cultures mais aussi de booster ma carrière. L’évolution se fait beaucoup plus rapidement à l’étranger, notamment en changeant de pays entre chaque poste.

Les salaires suivent également les évolutions de carrière. Il ne faut pas hésiter à commencer avec un salaire un peu bas qui évoluera très vite ensuite et qui sera au final plus élevé qu’en France. En contrepartie, nous n’avons pas la même protection sociale (l’assurance maladie, la caisse de retraite, …). Il faut souscrire des contrats privés.

Les évolutions de carrière se font très vite à l'international.

La vie à Dubaï coûte aussi cher qu’à Paris, c’est donc plus cher qu’en France de manière générale mais les salaires sont doublés voire triplés.

Que fais-tu pendant ton temps libre ?

Anne-Lise : Je fais du surf car je suis assez sportive. Je vais également voir des expositions.

Quelles sont les activités typiques locales ?

Anne-Lise : Les courses de chameau dans le désert sont très prisées ici. Beaucoup d’argent est en jeu, un peu comme avec les courses hippiques en France. Les gens se retrouvent pour fumer la chicha et manger.

On peut également faire du Dune Bashing dans le désert avec de gros 4x4. Ils ont également la plus longue Zipline au monde. On peut faire du canoë-kayak dans les Mangroves. Côté culture, il y a également Le Louvre que j’ai visité il y a un mois à Abou Dabi.

Quels conseils donnerais-tu à nos étudiants qui souhaiteraient travailler à l’international ?

Anne-Lise : Je pense qu’il ne faut tout simplement pas hésiter. C’est une vraie opportunité de partir travailler à l’international, c’est épanouissant aussi bien personnellement, professionnellement que culturellement. On s’adapte à la culture locale, on rencontre beaucoup de monde et cela permet comme je le disais de booster sa carrière. On apprend à être plus tolérant vis-à-vis des autres. On prend du recul par rapport à son pays et on se rend compte en partant à l’étranger qu’on n’est pas si mal en France.

Il ne faut pas hésiter à s'expatrier car c'est épanouissant.

Qu’est-ce que tu penses des influenceurs qui investissent en masse la ville de Dubaï ?

Anne-Lise : Je pense que d’un point de vue immobilier, cela ne dérange pas le gouvernement que des gens investissent dans des villas et appartements. Cela permet au pays de se développer. Je pense que toute forme de publicité est bonne.

Mais les influenceurs veulent tout avoir gratuitement, au restaurant ou chez le coiffeur, alors que derrière il y a beaucoup de gens qui travaillent. Ce sont souvent des personnes qui ont fait de la téléréalité française et qui sont devenus influenceurs et ont des millions de followers. Ils font aussi du placement de produits.

Dans certains cas, ce type de publicité m’aide à communiquer sur mes hôtels mais il faut que cela soit les bons influenceurs qui s’en chargent. Nabila était l’une des premières influenceuses. Elle est aujourd’hui célèbre, et pourtant elle paie son coiffeur.

Je vous laisse car je vais à mon cours d’arabe !

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