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Vincent Porquet co-fondateur de Fizzer
Vincent Porquet

Co-fondateur de Fizzer

Je m'appelle Vincent Porquet, je suis le co-fondateur de Fizzer. J'ai un but dans la vie : ne jamais m'ennuyer. J'ai besoin d'apprendre des choses sans arrêt pour grandir. C'est hyper important pour moi. Quand je repense à mes années EM Normandie, j'ai d'excellents souvenirs. Une expérience très forte, ancrée, qui ne bougera jamais. Je vais vous raconter comment je suis devenu entrepreneur suite à un voyage à la montagne.

Raconte-nous tes débuts dans la grande distribution après ta sortie d’Ecole ?

En intégrant l’EM Normandie, je n’avais pas d’idée précise de ce que je voulais faire plus tard. Je savais que je voulais être entrepreneur et j’étais attiré par le secteur de la grande distribution. Tous mes camarades essayaient de me dissuader d’intégrer ce secteur à cause des horaires de travail et de la relation avec la hiérarchie. Ils avaient peut-être raison mais dans tous les cas, je souhaitais absolument constater cela par moi-même.

J’ai d’abord rejoint l’entreprise Carrefour en tant que chef de rayon au sein des rayons poissonnerie et fruits et légumes. Je ne connaissais absolument rien aux produits frais, ni pour écailler un poisson ni dans la saisonnalité des fruits et légumes. Deux jours après ma sortie d’école, je me retrouve plongé dans le grand bain dans un hypermarché de 10 000 m².

Je prends beaucoup de plaisir dans cette fonction et rencontre beaucoup de personnes formidables. Néanmoins, je m’ennuie très rapidement dans cette fonction.

J’ai constaté qu’en tant que chef de rayon, tout en bas de la pyramide, on n’est qu’un simple exécutant. Il n’y avait pas d’enjeux majeurs ou de challenges particuliers à relever. Mon poste consistait à appliquer les directives. Je me suis rendu compte que cela ne collait pas avec mes ambitions et j’ai souhaité me réorienter pour retrouver de l’intérêt dans mon travail. À cette époque, je ne pensais pas trouver cet idéal dans la grande distribution, c’est pourquoi j’ai quitté cette entreprise.

Quel poste as-tu trouvé par la suite ?

L’EM Normandie organise un concours international de ventes à Deauville chaque année. Dans la filière électroménager, l’entreprise Whirlpool est venue présenter un projet de produit. Nous étions une quinzaine d’étudiants à concourir et je suis sorti lauréat de ce concours.

J’ai par la suite recontacté la responsable RH que j’avais rencontrée lors de cet événement pour savoir si l’entreprise avait des postes à pouvoir. En effet, il y en avait un à Mulhouse et un autre à Nantes. J’ai choisi le poste de Nantes qui m’a tout de suite plu car il fallait être un bon vendeur : placer ses produits, en faire la démonstration, vendre vite, créer une relation de proximité avec ses clients… J’avais ce sentiment de fierté et d’appartenance car il y avait un produit spécifique à mettre en avant.

Tu es donc resté mobile durant ta carrière professionnelle ?

Oui, quand on sort de l’École, il ne faut pas rester attaché à sa ville d’origine ou celle dans laquelle on a fait ses études. J’ai étudié à Caen et au Havre et je n’ai pas hésité à partir travailler à Nantes sachant que je pourrais retourner plus tard en Normandie.

J’ai ensuite eu une opportunité de carrière au siège social de la même entreprise à Suresnes, pour le poste de compte-clé dont le rôle consiste à négocier avec des grandes enseignes d’électroménager les conditions de vente du produit dont j’avais la charge.

Ce poste était un nouveau challenge pour moi. J’ai quitté Nantes pour Paris avec Marie qui est aujourd’hui ma femme et qui est une diplômée de l’École. Nous avons retrouvé de nombreux diplômés de l’EM Normandie qui avaient rejoint la capitale immédiatement après leurs études.

Que t’a apporté le fait de cumuler les expériences ?

Dix années se sont écoulées depuis ma sortie d’École. Ces expériences ont forgé la personne que je suis devenue aujourd’hui et m’ont permis de tirer un maximum de compétences nécessaires pour évoluer.

Quand je repense à mes années à l’EM Normandie, je suis ému car il y a évidemment le côté académique mais aussi toutes les relations qui se créent. Je vois encore régulièrement de nombreux amis que j’ai connus à l’École. Ces liens sont très forts et le resteront.

Comment as-tu tout plaqué pour te lancer ?

En suivant cette spécialisation en entrepreneuriat, j’avais au fond de moi cette volonté de me mettre à mon compte et de monter ma boîte. Je ne savais pas encore à quel moment ni avec quelle idée j’allais le faire. Durant mes études, j’avais étudié un projet et avais finalement décidé de ne pas le lancer car je n’ai pas eu le déclic ni les ressources pour le faire.

Et puis, tout a basculé lorsque je suis parti en vacances aux sports d’hiver pendant le réveillon de la St Sylvestre avec un ami proche que j’ai connu à Caen. Nous avons eu l’idée de lancer Fizzer à ce moment-là. Pourquoi ? Parce qu’on logeait dans un appartement et on souhaitait envoyer des cartes postales à toute notre famille mais on n’avait pas envie de sortir à cause du froid. Il fallait les acheter, puis revenir chez nous pour les écrire et ensuite ressortir pour les poster. Souvent, on écrit la même chose sur chacun des cartes. Lorsqu’on est en vacances, on a envie de profiter et pas de passer son temps à écrire des cartes. Nous avions pris beaucoup de belles photos pendant notre séjour et ne pouvions même pas les envoyer à nos proches.

Comment avez-vous créé Fizzer ?

Nous avons alors planché sur un business plan pour monter ce projet. Nous y avons passé une bonne partie de la nuit. Le lendemain matin, nous nous sommes aperçus que ce marché était émergent et que des acteurs existaient déjà dans ce secteur et que nous ne connaissions pas. Nous nous sommes laissés trois semaines de réflexion avant de nous lancer et de quitter nos postes.

Nous avons trouvé le nom de l’entreprise « Fizzer » car c’est une chaîne de montagne « les Fiz » dans les Alpes. Et le verbe « fizz » en anglais signifie « pétiller » : on apporte un côté pétillant à la carte postale. Même s’il y avait des concurrents sur ce segment, nous étions déjà convaincus de notre projet et avions vraiment envie de nous lancer.

Mon idée était déjà faite dans ma tête en analysant le marché, le nombre de cartes envoyées chaque année, les acteurs sur le marché, nos possibilités d’implantation, … J’avais aussi réfléchi à la manière de quitter mon entreprise. Je n’ai jamais regretté de partir de chez Whirlpool même si les débuts ont été plus difficiles que prévu.

Nous avons démarré avec 10 cartes, 100 cartes envoyées par jour… puis les chiffres ont baissé. Il fallait à ce moment-là faire preuve de résilience, poursuivre dans notre idée. Nous avons dû à nous emprunter de l’argent auprès de nos proches pour subvenir à nos besoins après la période où nous percevions des allocations chômage.

En 2015, après le premier été, on s’était fixé de faire 50K€ de chiffre d’affaires au minimum pour pouvoir continuer. Nous y sommes parvenus et avons même réussi à développer l’entreprise. Depuis les débuts, nous n’avons jamais douté de notre projet ni avons eu de regrets d’avoir quitté nos postes.

Comment se porte l'entreprise à ce jour ?

Aujourd’hui, on comptabilise plus de 5 millions d’envois depuis Dives-sur-Mer. Au lancement de Fizzer, nous n’avions qu’un produit « la postcard ». Nous n’étions que deux personnes alors que nous sommes 22 dans l’équipe aujourd’hui. Nous avons connu notre record durant le confinement avec plus de 68 000 cartes envoyées dans l’espace d’une journée. Nous ne pensions pas atteindre ces chiffres un jour.

Au départ, nous étions dans des locaux de 31m² à la Courneuve qui sont rapidement devenus trop petits. La croissance était telle que nous ne pouvions tout y stocker, ni recruter du personnel. À ce moment, nous nous posions la question de quitter la région parisienne pour nous installer en Normandie. Une opportunité s’est présentée à Dives-sur-Mer avec 90 m² de locaux. Je suis très heureux d’avoir fait ce choix aujourd’hui.

Cette taille de locaux nous a permis de passer de deux à quatre personnes, d’avoir des machines plus grosses et de stocker davantage. L’année suivante, les locaux sont devenus trop petits. Notre activité s’est en partie industrialisée et nous avons dû reprendre un local de 300 m². Quand on est entrepreneur, on fait face à beaucoup de contraintes mais c’est tellement réjouissant de voir son entreprise grandir.

Le mot de la fin

J’apprends tellement tous les jours auprès de mes équipes et auprès de mes mentors. En tant qu’entrepreneur on est amené à toucher à tout : community management, finance, comptabilité, échanges avec les prestataires, gestion de la croissance, … Cette soif de s’enrichir et d’apprendre est très présente. On va beaucoup plus vite dans cet apprentissage quand on est entrepreneur.

 

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