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Guillaume ROY
Guillaume ROY

Co-Fondateur des brasseries Gallia

Bonjour je suis Guillaume Roy, diplômé de la promotion 2006. Je vais vous raconter ce qui m'a amené à devenir cofondateur des bières Gallia.

Je suis normand d'origine mais n'avais jamais habité dans la région avant de rejoindre l'EM Normandie sur le campus de Caen. C'était en quelque sorte un retour aux sources et une véritable excitation de découvrir l'École,  prendre mon indépendance et me faire de nouveaux amis dont Jacques fait notamment partie aujourd'hui.

Nous avons fait nos quatre années d'études ensemble et à l'issue du parcours, nous avons monté Gallia. Nous avions tous les deux un besoin de créer un projet au travers de l'entrepreneuriat. Cette création d'entreprise était une sorte de "crash test" puisque nous ne savions pas si elle allait fonctionner.

Découvrir la bière et se servir de son histoire

Nous étions des amateurs de bière mais ce qui nous a surtout séduits dans ce projet, c'était de relancer une vieille brasserie parisienne. La bière reste un produit convivial et fun à travailler. 

Nous sommes partis de l'idée de relancer cette brasserie puisqu'il n'y en avait pas encore à l'époque à Paris. Nous avons découvert le produit au fil des années et avons suivi des formations sur le brassage de la bière dans le nord de la France.

On s'est rapidement rendu compte qu'il était nécessaire de nous associer avec un brasseur qui nous partage son expérience. Nous avons également embauché des ingénieurs qui avaient fait des études de chimie et qui maîtrisaient le produit mieux que nous.

L'intérêt de relancer une marque était quelque chose qui nous animait tous les deux. Elle n'appartenait plus à personne puisqu'elle était tombée en désuétude juridique depuis plus de 30 ans. Quand nous avons étudié le patrimoine des brasseries parisiennes, nous sommes tombés sur cette marque et avons constaté qu'elle n'était plus enregistrée à l'INPI.

Nous nous sommes donc réappropriés cette marque après avoir demandé un droit moral auprès de la famille descendante bien qu'il n'en étaient plus propriétaires. Ils nous ont donné leur bénédiction et étaient ravis que deux jeunes relancent la marque de leurs ancêtres.

Ils nous ont même proposé de nous léguer des éléments pour nous aider dans ce projet. Nous nous sommes ainsi sentis légitimes pour raconter cette histoire qui date de 1890. Si aujourd'hui vous souhaitez créer une entreprise et que vous n'avez pas d'idée, il peut être intéressant de relancer une ancienne marque pour avoir un socle d'histoire et de storytelling sur lequel vous appuyer.

Avec Gallia, nous avons hérité de ce nom qui sonne bien et d'un logo avec le coq qui symbolise très bien la France. C'était vraiment idéal !

Être en avance sur son marché

Les débuts ont été un peu difficiles parce que nous étions en avance sur la demande de bière en local. L'idée simple de départ vient du constat de ce qui existe à l'étranger et qui n'existe pas à Paris. En 2010, il n'y avait pas encore de bière locale à Paris, ce qui paraît être une aberration aujourd'hui là où le consommateur se tourne de plus en plus vers des produits locaux, notamment depuis la pandémie. 

En 2010, nous avions encore du mal à vendre nos bières aux distributeurs et aux bars. Ils disaient ne pas en avoir besoin et que leurs clients n'en n'avaient pas envie. Néanmoins, nous ressentions un certain intérêt de la part des médias, ce qui était assez rassurant. Nous avons eu des articles dans la presse et avons été invités à la radio. Cela signifiait que le sujet intéresse malgré tout.

On sent progressivement que des portes s'ouvrent et que nous développons notre expertise dans la brasserie. Le vrai déclic est venu du marché en 2015. Beaucoup de nos confrères brasseurs se lancent dans de la bière locale et nous poussent avec eux. Nous étions déjà prêts, connaissions bien le marché et n'avons pas fait les erreurs de débutant que certains ont pu faire au départ.

Nous avons progressé avec un temps d'avance et nous nous efforçons de le conserver aujourd'hui avec cet objectif de devenir le leader de la bière "craft" en région parisienne et pourquoi pas demain en France. La persévérance a été payante et de nombreux signes au quotidien nous montraient que ce projet en valait la peine.

Grandir tout en gardant ses valeurs d'artisans

Nous avons l'ambition de devenir une brasserie française craft de taille importante. Le côté "artisanat" dépendra de la garantie que nous apporterons au consommateur en utilisant d'excellentes matières premières et en maîtrisant au mieux les processus de brassage de la bière.

Nous sommes dans une démarche de qualité : laisser le temps à la bière de développer ses saveurs et sélectionner rigoureusement les matières premières (houblon et malt). C'est ainsi que nous restons des artisans dans l'âme mais je ne sais pas si nous pourrons encore employer ce terme avec cette croissance. C'est pour cela que j'utilise souvent le mot "craft", un anglicisme pour parler de l'artisanat, et qui revendique une vision moderne de la bière.

Pour devenir la bière préférée des Français, il faut investir massivement dans la distribution et la production. Heineken nous a proposé de nous aider dans cette démarche, tout en respectant l'ADN de notre marque. Leurs capacités en termes de distribution sont énormes. Au lieu d'avoir une équipe d'une quinzaine de personnes au total, on avait l'appui d'une dizaine voire d'une centaine de commerciaux sur le terrain. Il nous aurait fallu des années pour monter ce réseau par nous-mêmes.

Prendre le temps d'entreprendre

On a souvent en tête l'image de l'entrepreneur très hargneux et finissant tard le soir. Cela n'a pas été notre cas car nous souhaitions prendre le temps de raconter notre histoire et ne pas nous mettre trop de stress.

Cette démarche nous a permis de construire un environnement serein pour nos salariés et pour nos investisseurs. Nous avons toujours été des entrepreneurs bienveillants et fonctionnant "à la cool". Cela ne signifie pas que nous n'avons pas vécu de périodes de doute, notamment durant les cinq premières années. 

Depuis 2015, nous sommes assez sereins dans notre développement, notamment depuis l'arrivée d'Heineken qui nous permet vraiment de déployer plus de moyens. En regardant le passé, je me rends compte que toutes les décisions coulaient de source, d'autant plus que nous les prenions à deux. 

Être confiant dans ses prises de décisions permet de s'assumer pleinement et de ne pas nourrir de regrets par la suite.

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