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julie erikssen
Julie Erikssen

Artiste chanteuse

Faire ses débuts dans le monde diplomatique

Lorsque j'ai été diplômée de l'École, j'ai postulé pour plusieurs postes. Suite à ces candidatures, j'ai été contactée par l'ambassade du Koweït à Paris sans savoir pourquoi au départ car l'offre d'emploi mentionnait qu'il s'agissait d'une organisation mais ne précisait pas laquelle. J'ai finalement pris les reines du bureau de l'ambassadeur et des relations publiques. 

J'ai ensuite intégré le bureau militaire saoudien auprès de l'attaché de défense. Les métiers d'ambassadeur et d'attaché de défense sont différents. L'ambassadeur est le représentant du ministère des affaires étrangères du pays. L'attaché de défense est le représentant du ministère de la défense du pays, c'est un peu l'équivalent mais dans un environnement militaire. J'ai été recrutée pour y occuper ce poste mais avec des responsabilités élargies.

L'aspect international m'attire beaucoup et je dois dire que j'ai été servie puisque j'ai côtoyé des cultures très éloignées de la mienne.

Il a fallu faire preuve d'adaptation dans la manière de travailler. Il était compliqué de faire à la fois le lien et la barrière entre l'Arabie Saoudite (mon employeur) et mon propre pays.

Après avoir passé sept années dans le monde de l'ambassade, avec un très bon salaire et de gros challenges à relever, j'ai décidé de donner une nouvelle direction à ma carrière en me dirigeant vers la musique.

Faire de sa passion un métier

Ce changement de carrière s'est bien passé. J'ai appris les codes du jazz, une musique que je n'avais jamais creusée par la passé. C'est un style musical qui me faisait rêver donc je me suis lancée.

J'ai eu la chance d'apprendre auprès de grands maîtres parisiens et américains.

Le Duc des Lombards qui était un club de jazz mythique dans lequel je rêvais de me produire est finalement devenu ma deuxième maison ! J'étais la première femme à diriger les After Hours qui se déroulaient les vendredis et samedis soir. C'était pour moi une grande fierté. Rejoindre l'univers de la musique a été pour moi une grande renaissance que je raconte dans mon album musical.

Auparavant, je considérais la musique comme un loisir. Quand mon frère est parti, je me suis souvenue que j'avais ce rêve de devenir artiste et que je n'avais qu'une seule vie. J'ai été très vite portée par une multitude de signes que j'ai interprétés comme des encouragements. Cela devait être mon destin.

Trouver sa place dans la musique

Quand j'étais plus jeune, je faisais partie de ces gens qui avaient l'impression de venir d'une autre planète. Ce n'est pas toujours épanouissant ou rassurant de se sentir différente. Je reproduisais toujours ce schéma d'aller vers l'inconnu, tout d'abord parce que c'est très enrichissant mais également parce que je me cherchais.

À 20 ans, j'avais une grande capacité de résilience et une envie de prouver beaucoup de choses aux adultes. Je m'étais habituée à me battre contre l'adversité.

Quand je me suis tournée vers la musique, tout est devenu facile. Tout à coup, je me suis retrouvée avec des gens qui me ressemblaient, c'était formidable.

J'ai lâché cette sécurité de l'emploi pour devenir indépendante. Il a fallu tout de même beaucoup travailler avec d'un côté la musique et de l'autre toute la partie business. Quand on devient indépendant, il faut aller chercher le travail. Ce n'est pas non plus simple de tout recommencer à zéro passé l'âge de 30 ans.

J'ai eu des opportunités incroyables par exemple, quand j'étais dans la rue du Jazz à Paris, j'ai joué avec des personnes comme Roy Hargrove. J'ai également été appelée par le batteur Ali Jackson qui a joué avec Aretha Franklin et par Manu Katché pour chanter sa musique sur les plateaux de télévision. J'ai aussi fait un co-plateau avec Melody Gardot. Et puis il y a eu l'émission the Voice...

Vivre l'expérience des plateaux de télévision

J'ai été contactée par les équipes de casting pour participer à l'émission avec un piano voix devant 11 millions de téléspectateurs.

Passer à la télévision offre une visibilité énorme. C'est une expérience extraordinaire à vivre car il est très particulier d'être autant exposée, d'être reconnue dans la rue, d'être encensée par la production.

Au niveau musical, cela permet d'accéder à des coachs vocaux de très haut niveau, qui coachent par exemple Céline Dion. J'ai beaucoup appris sur le plan technique. Cela a été une aventure humaine mais également musicale. 

On dit toujours qu'il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Je pense que c'est vrai sur le plan des affaires mais également pour soi. Cela m'a aidé psychologiquement de me sentir forte dans d'autres domaines que la musique, c'était un peu comme une béquille.

Exploiter ses compétences commerciales

L'enseignement à l'EM Normandie est très complet. Pour ma carrière musicale, j'ai eu des réflexes d'entrepreneuse. C'était super de pouvoir élaborer une stratégie de conquête de ce métier avec une acceptation du côté commercial de la musique. Ce n'est pas le cas de tous les artistes. 

Durant mes études, j'ai appris à élaborer un business plan, à identifier une cible de clientèle et à trouver son positionnement marketing.

Lorsque le produit que l'on vend est soi-même, il n'est pas toujours facile d'avoir le recul nécessaire. Ma formation m'a permis de garder le cap.

Je me considère aujourd'hui comme indépendante car je gère l'ensemble des aspects de ma carrière. J'ai un produit à vendre, et il faut démarcher pour se faire connaître.

Saisir les opportunités

Lorsque j'ai passé les concours d'entrée, j'étais acceptée dans plusieurs écoles. J'ai choisi l'EM Normandie car elle se trouve sur Caen, ville dans laquelle je faisais partie de plusieurs projets artistiques. Je ne regrette pas ce choix car j'ai eu de superbes opportunités sur le plan musical. J'ai notamment chanté à l'Accor Arena (Paris-Bercy) et au Zénith de Caen.

Lors de ces prestations, j'ai été repérée par des producteurs qui m'on fait signer un contrat avec Sony Music. J'ai pu vivre le marché de la musique avec ses gros budgets, par exemple des tournages de clips aux États-Unis et au Canada à plusieurs milliers de dollars. J'ai chanté devant 300 000 personnes à la Tour Eiffel pour la fête de la musique avec rediffusion à la télévision sur France 2. J'ai participé à l'émission Fort Boyard, c'était vraiment fun.

S'épanouir sur un marché de niche

Je suis bien plus heureuse dans le domaine de la musique jazz car j'aime l'authenticité et l'honnêteté. Je ne me serais pas vue devenir une grande star même si on ne peut se plaindre d'être Lady Gaga.

La musique est sacrée pour moi et je n'aurais pas souhaité faire de concessions.

J'ai connu la période du marché de la musique lorsque c'était une grosse industrie. Aujourd'hui, avec le streaming, on vend moins de disques. Par ailleurs, j'ai le sentiment que les gens sortent moins pour aller voir des concerts. La musique a eu son âge d'or et c'est différent aujourd'hui. Cela me convient personnellement car je m'épanouis sur scène. J'arrive à tourner dans des festivals en France et à l'étranger. Je vis de ma passion, et c'est cela qui m'importe. Tant pis si je gagne moins d'argent que si l'industrie musicale marchait encore comme avant. 

Quand j'ai créé mon premier EP à l'époque de The Voice, je ne souhaitais pas le mettre à disposition gratuitement sur Youtube. Et j'ai finalement compris qu'il était indispensable d'y être, notamment pour faire la promotion de ma musique. On apprend parfois à lâcher prise sur certains sujets.

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