L'auto-élimination des candidats, cause méconnue des tensions sur le marché de l'emploi ?

La chaire Compétences, employabilité et décisions RH de l'EM Normandie dirigée par Jean Pralong, Professeur en RH digitales et gestion des carrières, publiera le 20 février prochain une étude intitulée « Should I stay or should I apply ? Pourquoi répond-on à une offre d'emploi ? ». Son sujet : pourquoi postule-t-on ou pas à une offre d'emploi. Elle démontre qu'à compétences strictement égales, certains candidats n’osent pas proposer leurs services, alors même qu’ils pourraient être recrutés. Pourquoi ?

L’étude démontre qu’un élément clé qui amène les candidats à répondre à une offre est la qualité de carrière. Celle-ci correspond notamment à la qualité des postes qu'ils ont occupés, des périodes de chômage ou à la précarité qu'ils ont pu traverser. En clair, des talents compétents s’auto-éliminent en anticipant les comportements sélectifs des recruteurs. Le résultat apporte une perspective nouvelle à la classique théorie du "fit" (on postulerait au regard du degré de correspondance entre ses compétences et ce qui est requis par le poste).

Pour Jean Pralong :

La France ne manque pas de talents… il est dommage que beaucoup d’entre eux soient gâchés. Nous nous trouvons face à un paradoxe : une quantité importante de postes peinent aujourd’hui à être pourvus, et ce, alors même que le nombre de chômeurs reste élevé. Cette étude suggère que si on s'y prenait différemment, on éviterait de gâcher les compétences de profils disposés à travailler.
Les résultats de ce travail ouvrent des perspectives d'actions concrètes aux recruteurs (avec le développement de l’évaluation objective notamment) afin d'améliorer l'intégration de candidats qui, au sens littéral du terme, pourraient parfaitement faire le job. Il importerait de faire évoluer les règles de recrutement pour favoriser l’accès à l’emploi et pour ne pas se priver des compétences finalement moins rares qu’on le suppose.