Retour aux témoignages
Salime Nassur, Fondateur et dirigeant de Maars
Salime Nassur

Fondateur et dirigeant de Maars et ancien directeur marketing chez Google

L’importance des compétences comportementales

Les années d’études sont cruciales, non seulement pour l’acquisition des compétences techniques (hard skills) telles que le marketing, le juridique, les ressources humaines, essentielles dans vos premiers métiers, mais aussi et surtout pour le développement des compétences comportementales (soft skills).

Dans un monde en constante évolution où les compétences techniques peuvent rapidement devenir obsolètes, la capacité à interagir efficacement avec les autres, à pratiquer l'écoute active, à faire preuve de résilience et de curiosité est primordiale.

Je dis souvent aux étudiants de ne jamais arrêter d'apprendre. Ce n'est pas parce que vous avez quitté l'EM ou d'autres instituts qu'il faut cesser d'apprendre. L'apprentissage est un processus permanent. Il est crucial de ne pas devenir obsolète.

Ces années d'études enseignent également le travail en groupe. La collaboration est fondamentale et est très bien intégrée à l'école. Les travaux de groupe vous apprennent non seulement à produire ensemble, mais surtout à gérer les individualités. Que ce soit dans un grand groupe ou dans votre propre entreprise, vous serez toujours confronté à des individualités. Être en contact permanent avec les autres et comprendre comment travailler avec eux est véritablement structurant dans les études.

À la découverte d’Internet

Durant mes études, l'idée de créer ma propre entreprise prenait forme. C'est ainsi qu'est née Normanet, la première agence de web design en Normandie, il y a environ 30 ans.

Découvrir Internet en 1995 a été une révélation ; j'étais fasciné par les possibilités infinies qu'offrait ce nouveau monde.

Il est difficile pour ceux qui nous écoutent d'imaginer un monde sans Internet. Mais à l'époque, Internet n'existait pas lorsque j'ai commencé mes études. La découverte d'Internet pendant mes études m'a fait réaliser que le champ des possibles était inimaginable. Mon mémoire de fin d'études était d'ailleurs consacré à la façon dont Internet allait changer notre manière de travailler. Presque 30 ans auparavant, avant même de créer ma société, j'avais pris contact avec un fournisseur d'accès Internet à Caen. 

Après les avoir rencontrés lors d'un salon, je leur ai proposé un échange de services : leur enseigner le marketing en échange de leur formation sur Internet. Cette collaboration mutuellement bénéfique a conduit à la création de ma première entreprise avant de quitter l'EM. J'ai poursuivi cette activité pendant deux à trois ans tout en travaillant chez Orange, d'abord en tant qu'assistant marketing, puis comme responsable marketing. La vente de mon entreprise a coïncidé presque avec mon départ d'Orange, en plein éclatement de la bulle Internet, alors que j'étais directeur de l'unité d'affaires de Wanadoo Pro.

Entreprendre à partir de rien

Au début des années 2000, mon responsable marketing, ayant vécu en Grèce, a suggéré de nous lancer dans le conseil à Athènes grâce à ses contacts. Nous avons alors débuté une activité de conseil en Internet et télécommunications, tout en profitant d'un climat agréable. Lors d'une commande de pâtisseries, révélatrice de notre gourmandise, la médiocre qualité d'une pâtisserie nous a poussés, malgré notre manque de connaissances dans ce domaine, à ouvrir une pâtisserie, motivés uniquement par notre appréciation pour les gâteaux. Conscient dès le début de ne pas vouloir m'impliquer durablement, j'ai vendu l'entreprise pour retourner en France et fonder ma famille.

Retour dans la tech

Après m'être marié et avoir eu des enfants, je suis retourné dans le secteur technologique, ma spécialité. Malgré une incursion dans le monde de la pâtisserie, mon retour en France a été marqué par l'intérêt des recruteurs, surtout en raison de mes compétences en technologie, malgré la réticence de certains à reconnaître la polyvalence de mes expériences. Cette situation illustre le manque de reconnaissance des compétences transversales dans l'industrie, bien que cela commence à changer. À mon retour, Alcatel Lucent m'a fait une proposition. 

Considéré comme le fleuron de l'industrie française et pionnier dans plusieurs technologies, Alcatel m'a offert un poste de directeur marketing. Toutefois, la fusion avec Lucent a créé une rupture culturelle, révélant un manque d'alignement des valeurs qui m'a poussé à quitter l'entreprise. 

Je commençais à créer une nouvelle entreprise au moment où j'ai reçu un appel de Google.

L’expérience chez Google

Mon expérience chez Google, une entreprise reconnue pour son agilité malgré sa taille, a été enrichissante. J'ai occupé le poste de directeur marketing pour l'Europe du Sud, puis ai élargi mes responsabilités à l'EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique). Cette expérience m'a offert une perspective sur les différences interculturelles et l'efficacité du travail à distance. 

Finalement, on m'a demandé de me concentrer sur la France, un des marchés clés pour Google, tout en conservant des responsabilités transversales et en initiant des projets d'envergure mondiale. 

En tant que responsable des opérations en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient et en France, j'ai également piloté des initiatives à l'échelle mondiale, notamment le lancement d'un programme global de marketing basé sur les comptes. Mon rôle s'est étendu aux États-Unis et en Asie, où j'ai agi en tant qu'évangéliste chez Google, une position qui m'a permis de présenter les innovations futures à divers clients. Mon travail auprès de nombreuses entreprises pour faciliter leur transition numérique a inclus l'organisation de learning expeditions. Ces dernières ont rassemblé des dirigeants du monde entier dans la Silicon Valley pour leur faire découvrir les avancées technologiques et comprendre l'importance de l'adaptation des modèles d'affaires et de l'état d'esprit au progrès technologique.

Du bien-être au travail au Projet Maars

Entre 2013 et 2014, j'ai initié une vaste étude paneuropéenne démontrant la corrélation entre le bien-être des individus, l'harmonie des équipes et l'accroissement de la productivité, une conviction profonde qui m'a guidé dans mes actions. Cette étude a révélé qu'un bien-être accru dans son activité professionnelle pouvait mener à une hausse de 30% de la productivité. Fort de cette constatation, j'ai approfondi mes recherches sur l'influence de l'état d'esprit positif et sur les méthodes permettant de renforcer cette disposition, tant au niveau individuel que collectif. Dès 2015, un projet germe dans mon esprit. 

En quittant Google en 2020, je concrétise ce projet nommé Maars, inspiré de mes échanges avec des psychologues et de mes lectures. Maars repose sur cinq piliers d'engagement essentiels à l'efficacité d'une équipe et d'une organisation : mission, autonomie, action, relations et santé. La mission se place au cœur de notre quête de sens, fondamentale tant pour l'individu que pour l'entreprise. 

L'alignement des valeurs personnelles avec la mission de l'entreprise est déterminant pour la motivation quotidienne des collaborateurs. Ce constat mène naturellement au premier pilier de Maars : l'autonomie, visant à doter chacun des moyens de son autonomie. 

Maars n'est pas seulement un ensemble de piliers mais un concept global, basé sur la conviction que le bien-être collectif est indispensable à l'épanouissement personnel. De cette réflexion sont nés deux ouvrages.

Le premier, intitulé "Bestitude", explore la synergie entre le meilleur de soi et une attitude positive, même dans l'adversité. Le second, destiné à mes enfants et par extension à tous les étudiants, offre "10 conseils pour activer votre vie", un guide pragmatique pour naviguer dans la vie active où, contrairement aux parcours académiques, rien n'est prédéterminé. Ce livre est le fruit de mon expérience et des leçons apprises en chemin, un testament à la conviction que tout est possible à qui sait s'en donner les moyens.

Aujourd'hui, nous sommes dans un monde où tout est possible. J’invite tous les étudiants et les autres à développer des projets. Nous vivons une époque formidable.

Retour aux témoignages