Webinaire compensation carbone

24 février 2025

Agriculture : la compensation carbone locale doit être valorisée, selon une étude de l’EM Normandie

Faculté et Recherche

Impulsée par la  Chaire « Modèles entrepreneuriaux en Agriculture » de l’EM Normandie, une étude révèle que si la compensation carbone internationale est très décriée, le système de la compensation carbone dite locale est bien plus acceptable.

Elle permet aux agriculteurs de financer, grâce à des fonds privés, leur transition agroécologique, et aux entreprises de compenser leurs émissions de CO₂ et d’être visibles localement. Les résultats de cette étude seront présentés le 6 mars prochain, lors d’un webinaire suivi d’un temps de partage des expériences et des visions entre les acteurs de compensation carbone locale qu’il s’agisse des agriculteurs, des entreprises ou des intermédiaires.

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Relocaliser la compensation carbone

Les agriculteurs français ont pendant longtemps été oubliés par les entreprises engagées dans la compensation carbone (CC) volontaire lesquelles, notamment les grandes, ont préféré et préfèrent encore financer des projets à l’international, dans les pays en développement. Pour rappel, la compensation carbone volontaire consiste pour des entreprises à financer des projets qui permettent de limiter les émissions de GES, non pas en leur sein mais à l’extérieur, en compensation de certaines de leurs émissions. Elle s’oppose à la compensation carbone obligatoire qui se joue sur les marchés et qui concerne de très grandes entreprises fortement émettrices de GES.

Pourtant, l’agriculture française est fortement engagée dans la transition de ses modèles agricoles et elle cherche des financements pour l’accélérer. Engagée dans la décarbonation, elle agit à la fois sur la réduction de ses propres émissions (moins de méthane dans les élevages, limitation des engrais émetteurs de protoxyde d’azote…) et sur le stockage de carbone pour d’autres secteurs cherchant à se décarboner, comme les transports ou l’industrie. L’agriculture est, en effet, un des rares secteurs d’activités à être un puit de carbone, notamment via les haies ou l’agroforesterie.

Une compensation carbone plus acceptable

La compensation carbone locale a émergé au cours de la précédente décennie grâce notamment au label bas-carbone mais alors que beaucoup d’agriculteurs sont prêts à investir dans des projets bas-carbone, peu d’entreprises jouent le jeu. Parmi les raisons figurent le fait que les entreprises s’engagent d’abord à éviter ou réduire leurs propres émissions : la compensation carbone est ainsi employée en dernier ressort. Une autre explication est que la compensation carbone locale est victime des attaques de sa grande sœur : la compensation carbone internationale. Celle-ci a ses détracteurs qui y voient un moyen pour les entreprises de déléguer la responsabilité de décarboner à d’autres. La compensation carbone a également été attaquée pour son opacité et ses dérives (déplacements de populations, manque de transparence, crédits carbone discutables, etc.). Plus généralement, c’est le côté « hors-sol » de la compensation carbone internationale qui est décrié avec, bien souvent, des entreprises qui ne savent pas quels projets sont mis en œuvre et comment.

En permettant le financement de projets de stockage de carbone par des entreprises situées à proximité des exploitations agricoles, la compensation carbone locale répond à certaines critiques faites à la compensation carbone internationale en offrant de multiples avantages : visibilité des actions par les parties prenantes, financement de la transition agroécologique, renforcement de l’ancrage territorial des entreprises, impacts pour la biodiversité et gestion de la ressources en eau, reconnexion avec le monde agricole, etc.

La compensation carbone locale doit être valorisée

Menée par la Chaire « Modèles entrepreneuriaux en Agriculture »de l’EM Normandie, une étude souligne le besoin de valoriser la compensation carbone locale.

Les résultats seront présentés lors d’un webinaire on line le 6 mars à 11h30.

On y apprendra notamment que si la CC est un sujet épineux, la dimension locale lui donne plus de crédibilité. Elle contribue activement aux transitions des modèles agricoles, à condition toutefois que les agriculteurs s’engagent dans des projets à forte valeur ajoutée environnementale qui dépassent le simple fait de réduire les émissions de GES (restauration de la biodiversité, impacts sur la qualité de l’eau, sur le ruissellement, etc.).

On apprendra également que les intermédiaires de la compensation carbone locale sont essentiels car, malgré une apparente proximité, les interactions entre le monde agricole et les autres entreprises sont très faibles. Ces intermédiaires animent des écosystèmes du carbone émergents, prospectent des entreprises, gèrent les projets et garantissent que les actions menées atteignent leurs objectifs. 

Enfin, les freins au déploiement de la compensation carbone locale sont nombreux. Les entreprises évitent, par exemple, de trop communiquer afin de ne pas être taxées de greenwashing. Paradoxalement, cela nuit à la reconnaissance de la compensation carbone locale.

Roland Condor, titulaire de la chaire et Brigitte Daudet, Professeure associée à l’EM Normandie présenteront les résultats. S’ensuivra une discussion avec l’auditoire, le but étant un partage des expériences et des visions entre les acteurs de compensation carbone locale qu’il s’agisse des agriculteurs, des entreprises et des intermédiaires.

Les participants pourront échanger sur la façon de davantage valoriser la compensation carbone locale (comme les circuits courts) sans toutefois tomber dans les excès (la surcompensation), rompre les silos organisationnels, déjà réfléchir à l’avenir de la compensation carbone, imaginer des écosystèmes et de nouveaux modèles d’affaires et améliorer l’acceptabilité de la compensation carbone.

Inscriptions

Roland Condor

Roland CONDOR

Titulaire de la chaire "Modèles entrepreneuriaux en agriculture"

Le Havre