Etude attractivité de l’emploi public : qui sont les candidats et quelles sont leurs attentes ?

L'EM Normandie et Actual group, en partenariat avec la Gazette des Communes et emploipublic.fr, ont publié une étude inédite mesurant pour la 1ère fois les attentes des candidats intéressés par le secteur public, évaluant leurs motivations autour de deux axes clés : la confiance en l’avenir et l’employabilité.

Contrairement aux idées reçues, l'attrait pour la fonction publique ne repose pas principalement sur la stabilité de l’emploi et les valeurs du service public. Les priorités des candidats révèlent des aspirations nouvelles, où l'équilibre travail-vie privée est prédominant (45,56 % des répondants), suivi par le contenu des missions (22,49 %) et l'ambiance de travail (18,34 %). La stabilité de l'emploi et les valeurs du service public, quant à elles, sont citées par seulement 4,73 % et 3,55 % des répondants.

Cette étude survient à la veille du salon des maires et alors que le ministre Guillaume Kasbarian évoque “un changement radical” en matière d’emploi public. Ce travail, piloté par Jean Pralong, enseignant-chercheur spécialiste des questions de gestion des ressources humaines à l’EM Normandie, analyse les motivations et les comportements des candidats intéressés par le secteur public.

Le secteur public fait face à des besoins de recrutement grandissants, notamment pour compenser les départs à la retraite et répondre aux nouvelles exigences liées à la digitalisation, aux services de proximité et à la transition écologique. Cependant, les voies traditionnelles de recrutement, comme les concours, connaissent une baisse d'attractivité significative.

La structure même des emplois publics change. 1,2 million d’agents publics, parmi les 5,67 millions au total (et 26,9 millions de personnes en emploi en France), étaient en CDI en 2022. Cette nouvelle concurrence avec le secteur privé fait baisser le nombre de candidats par poste et augmenter le turnover.
 

Quelles sont les attentes des candidats intéressés par un emploi public ?

Près de 1 800 personnes issues des secteurs publics et parapublics ont répondu à cette enquête.

L’étude montre d’abord l’endogamie du recrutement public : 58,57 % des candidats intéressés étaient déjà contractuels de la fonction publique. Ensuite, contrairement aux idées reçues, la stabilité de l'emploi et les valeurs du service public ne sont pas les principaux leviers d'attractivité. L'équilibre travail-vie privée (premier choix pour 45,56 % des répondants), le contenu du travail et des missions (22,49 %) puis l'ambiance de travail (18,34 %) sont les critères les plus valorisés par les candidats. Travailler dans la fonction publique ne signifie plus être fonctionnaire, souhaiter le rester et accepter, en échange, des mobilités insatisfaisantes.
 

Enfin, en croisant deux variables (employabilité et confiance en l’avenir), l'étude a permis d'identifier quatre types de candidats à l'emploi public :

• Les stables optimistes (23,1 %) : ils privilégient l'équilibre travail-vie privée et le contenu des missions. La quête d’une harmonie optimale entre les différentes sphères de vie prime sur la recherche de stabilité : ils sont attentifs à des offres d’emploi variées et sont actifs sur les sites d’emploi.
• Les stables pessimistes (21,7 %) : ils recherchent avant tout la stabilité et une bonne ambiance de travail. Pour eux, l’emploi public représente avant tout une forme de sécurité plutôt qu’une source d’épanouissement. Leur pessimisme crée une crainte de l’échec qui les conduit à être peu actifs dans la recherche de nouvelles opportunités.
• Les talentueux optimistes (20,7 %) : majoritairement issus du secteur privé, ils sont à la recherche de missions stimulantes et sont ouverts à diverses formes d'emploi. Leur optimisme et leur excellente employabilité les incitent à rester ouverts aux nouvelles opportunités, notamment en intérim et en CDD, et à rechercher activement des possibilités de progression. Ils actualisent fréquemment leur profil LinkedIn (1,9 action par semaine en moyenne) et consultent fréquemment les sites d’emploi (2,81 actions par semaine en moyenne). 

Quelle différence avec les agents ?

Les agents privilégient principalement l'équilibre travail-vie privée (premier levier d’attractivité dans 31,2 % des cas). Ils apprécient ensuite le contenu du travail et des missions (24,2 %). Les attentes des agents de la fonction publique sont proches de celles des Stables optimistes. Dit autrement, les Stables optimistes sont ceux qui ont le plus de chances d’être en phase avec la réalité de l’emploi public. Pour les autres, le décalage avec la réalité est une menace qui pèse sur la satisfaction et la fidélisation.

Un défi pour les services RH

Face à ces résultats, les services RH du secteur public sont appelés à repenser leurs stratégies de recrutement et de fidélisation. L'étude souligne la nécessité d'une approche plus ciblée, poste par poste, pour répondre aux attentes diversifiées des candidats.